Le chacal doré est là !
Un nouveau venu dans la biodiversité française, le chacal doré Canis aureus.
La première observation du chacal doré en France remonte à 2017. Par la suite, il sera vu par deux fois en 2020.
Observations en France : – Alpes du nord
– Bouches du Rhône
– Deux-Sèvres
– Jura
Entre le loup et le renard
On le compare volontiers à un mixe entre le renard roux et le loup gris. Cependant, il est plus grand que le premier et moins massif que le second. Son poids est compris entre 7 et 17 kilos pour une hauteur au garrot de 45 à 50 centimètres. Le mâle est légèrement plus grand que la femelle.
Par son aspect, ses attitudes et mœurs, il ressemble d’avantage au coyote américain.
Un mammifère mal connu
Originaire d’Europe Centrale et d’Asie plus précisément de l’Inde et régions voisines, l’espèce est arrivée jusqu’à nous de manière naturelle grâce à une grande capacité de dispersion. Les chacals dorés vivent en couple ou en petites meutes. Comme les loups, des individus sevrés s’en détachent pour constituer leur propre meute et peuvent voyager longtemps et loin (nord de la Norvège) avant de s’installer. C’est donc par ces jeunes qu’à pu se faire la lente mais continue extension de l’aire de répartition du chacal doré. On peut avancer que ses mœurs sont semblables à celles du loup pour ces aspects là. L’espèce était initialement décrite en Afrique de l’Est et du Nord. Cependant, les dernières études génétiques suggèrent que ces populations africaines appartiennent à une autre espèce : Canis anthus.
Habitudes alimentaires : ce que l’on sait
Le chacal doré est présent sur les territoires et espaces où le loup est absent : plaine de basse altitude, zone côtière. Sa taille modeste ne lui permet pas de s’attaquer à de grandes proies. Sangliers, cervidés ne seraient donc pas inquiétés par ce prédateur mais seulement consommés à l’état de charogne. Il peut néanmoins, s’en prendre aux juvéniles : marcassins et faons. Ainsi, comme le renard, il se nourrit plutôt de petits mammifères, de reptiles et amphibiens, d’insectes, de fruits et d’autres végétaux.
Le chacal doré est opportuniste et peut s’aventurer près des habitations, pour chercher de la nourriture dans les ordures. On a pu voir durant le confinement de mars 2020, des chacals dorés arpenter un parc public de Tel-Aviv à la recherche de nourriture.
A la conquête de l’Europe
La persécution des loups en Europe et la fragmentation de leur population qui a suivie à facilité l’expansion du chacal doré.
L’espèce profiterait aussi des changements environnementaux et de la transformation des paysages.
Il existe quelques fossiles qui assurent son existence il y a 20 000 ans depuis la Turquie à la Croatie en passant par la Grèce. C’est après une observation en Croatie, que sa présence en Europe est documentée pour la première fois en 1491. Son expansion géographique naturelle prend un nouvel essor dans la deuxième moitié du 19e siècle en Europe, suite à l’arrêt des piégeages, empoisonnements et chasses intensives. Des années 60 à 90, les phases d’expansions du chacal doré s’intensifies en partance de la péninsule balkanique, jusqu’à occuper une part de l’Europe continentale.
Quel avenir pour l’espèce
En Biélorussie, République Tchèque, Grèce et Estonie, il est possible de « détruire » le chacal doré toute l’année. S’il est protégé en Italie, en Allemagne et en Suisse, le chacal doré ne bénéficie pour l’instant d’aucun statut réglementaire en France. Mais n’étant pas classé dans la liste des espèces chassables, il ne peut être ni chassé, ni piégé.
De part son origine ancienne sur le continent européen, le chacal doré ne peut pas être qualifié d’espèce envahissante. Il n’a pas été introduit par l’Homme.
Cohabiter avec l’Homme
Charognard et opportuniste, il joue le rôle intéressant dans l’écosystème en tant que nettoyeur de carcasses et régulateur des populations de rongeurs.
Aucune attaque sur l’Homme n’a été recensée.
En dépit des points positifs précédemment citées, les rapports avec l’humain s’annoncent compliqués en France. Étant un prédateur, certains éleveurs pourraient s’inquiéter d’éventuelles attaques sur la volaille et les jeunes ovins. Sa grande capacité d’adaptation et ses habitudes alimentaires, semblables à celle du renard notamment sur le petit gibier, pourrait lui valoir un classement en « espèce nuisible occasionnant des dégâts ».
Pouvoir étudier ses habitudes et son comportement est la clé pour comprendre l’espèce et ainsi cohabiter sereinement.
Sources : Dossier ASPAS
Revue Faune sauvage n°320
Illustrations Alicia Pénicaud